La chaîne d'approvisionnement alimentaire britannique fortement tributaire de la main-d’œuvre étrangère, y compris pour les emplois qualifiés (16/10/2017)

Face à l'insuffisance de statistiques identifiant le poids des travailleurs étrangers dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire britannique, les fédérations professionnelles du secteur (agriculture, IAA, distribution, etc.) ont lancé des enquêtes auprès des employeurs. Les résultats, publiés cet été, sont sans appel : un tiers des emplois permanents y est occupé par des travailleurs européens, ce qui en fait un des secteurs très exposés aux modifications des règles de la mobilité internationale.

À plusieurs reprises, des manques pour analyser l'impact du Brexit sont apparus dans les statistiques sur l'emploi dans les secteurs agricoles et agroalimentaires : pas toujours de distinction de l'origine géographique des travailleurs, absence de prise en compte de certains secteurs (travailleurs hors UE en agriculture) ou de certains types d'emplois (saisonniers), etc. Ces difficultés ne permettant pas d'avoir une photographie suffisamment précise de la situation de l'emploi dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire, les fédérations professionnelles se sont réunies en consortium de façon à compléter les éléments de l'Office for National Statistics (recueil annuel sur la population, emploi par origine et nationalité) par le biais d'une enquête ciblée.

Menée entre mars et mai 2017, cette enquête a été adressée conjointement aux entreprises (238 réponses) et aux associations professionnelles, répondant au titre de leurs membres. Les éléments recueillis ont été complétés par des enquêtes sectorielles : 627 réponses au total ont été collectées pour analyser la contribution des travailleurs étrangers en termes d'emplois et de métiers, mais également les recrutements. Les résultats sont présentés globalement et au travers de focus sectoriels, parmi lesquels l'agriculture.

Comment les répondants sur l'ensemble de la chaîne alimentaire s'adapteraient-ils si leur entreprise n'avait plus accès à la main-d’œuvre européenne non britannique ?

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Source : Food and Drink Federation

Il ressort en particulier que les recours à la main-d’œuvre étrangère pallient la difficulté de recruter localement pour des raisons d'attractivité, de disponibilité de main-d’œuvre ou de salaires trop bas. Plus de la moitié des répondants envisagent un recours accru à l'automatisation en réponse à ces difficultés, et 17 % (totalisant 3,6 milliards de livres de chiffre d'affaires - CA) pensent à une délocalisation. Enfin, plus d'un tiers (3,5 milliards de livres de CA) estiment leur activité non viable.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Food and Drink Federation

10:29 | Lien permanent | Tags : brexit, main d'oeuvre, emplois |  Imprimer | | | | |  Facebook