Propriété de la terre agricole en Espagne : structures et évolutions (14/06/2017)

À l'occasion du Colloque international « L'avenir de l'alimentation et les défis de l'agriculture au XXIe siècle », qui s'est tenu fin avril à Vitoria-Gasteiz (Espagne), une série de travaux ont été présentés et publiés. L'un d'eux porte sur la structure et les évolutions de la propriété de la terre agricole en Espagne, et présente la synthèse d'une étude coordonnée par la Fundación Mundubat et la revue Soberanía Alimentaria.

Les auteurs adoptent une approche quantitative et qualitative : à partir du dernier recensement agricole (2009), ils analysent l'évolution, entre 1999 et 2009, du nombre et de la taille des exploitations, et de la superficie agricole utilisée (SAU). Ces données sont ensuite croisées avec des variables telles que le statut, le sexe et l'âge du chef d'exploitation, ainsi que le prix de la terre. Les auteurs constatent que, en dix ans, le nombre d'exploitations a régressé de 23,2 % (pourcentage plus élevé pour celles de moins de 5 ha), la SAU s'est réduite de 9,2 % et la taille moyenne des exploitations a augmenté de 18 % (pour les exploitations allant de 70 à 500 ha). Par ailleurs, pour mesurer l'évolution de la concentration de la terre, les auteurs appliquent le coefficient de Gini à l'Espagne et à chaque Communauté autonome, en le comparant également à d'autres pays. Cet indicateur montre que la concentration des terres est plus élevée en Espagne qu'en France ou en Pologne, mais inférieure à celle de l'Italie ou de certains pays d'Amérique latine (Argentine, Brésil).

Coefficient de Gini de la taille des exploitations agricoles par pays (FAO) et par communauté autonome (Censo agrario 2009) : plus le coefficient est proche de 1, plus la concentration de la terre est importante

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Source : elikadura21.eus (mise en forme CEP)

Les auteurs examinent aussi d'autres caractéristiques de la propriété foncière agricole : 94 % des chefs d'exploitation sont propriétaires, 31 % sont des femmes (pour 23 % de la SAU) et 61 % ont plus de 65 ans. À noter également que le poids des sociétés commerciales n'est pas significatif (2 % des structures occupant 11 % de la SAU), mais avec une tendance à la hausse.

Dans une deuxième partie, les auteurs exposent les processus socio-économiques et politiques qui, selon eux, sont à l'origine de la concentration de la terre. Ils considèrent que la PAC et le changement d'affectation des terres (urbanisation, tourisme, industrie, mines, énergie) sont des facteurs qui ont favorisé une telle évolution. Le prix de la terre a ainsi suivi une tendance ascendante entre 1995 et 2008, en régressant après légèrement suite à la crise de la bulle immobilière.

Les auteurs discutent enfin un certain nombre de propositions en matière de politique foncière, au niveau de l'Union européenne, de l’État espagnol, des Communautés autonomes ainsi que des municipalités.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : elikadura21.eus

10:06 | Lien permanent | Tags : espagne, propriété, terre agricole |  Imprimer | | | | |  Facebook