Alexis Metzger (coord.), Le climat au prisme des sciences humaines et sociales, Éditions Quæ, 2022, 246 pages (17/01/2022)
Coordonné par Alexis Metzger (université de Lausanne), cet ouvrage questionne les cadres et méthodes d’analyse que les sciences humaines et sociales utilisent pour étudier le climat. La première partie s’intéresse à ceux-ci en histoire, géographie, théorie littéraire, etc. (figure ci-dessous) ; la seconde documente l’émergence et l’analyse du « changement climatique ».
Frise sur l’apparition de l’objet « climat » au sein de chaque discipline
Source : Éditions Quæ
S’appuyant sur des restes naturels et anthropiques, l’archéologie a montré qu’à la différence des sociétés nomades du paléolithique, celles du néolithique, sédentaires, ont cherché à anticiper les variations climatiques, développant le stockage et la transformation des denrées. L’histoire du climat, discipline très dynamique depuis le début du XXIe siècle, sur tous les continents, donne lieu à des reconstitutions des variations climatiques à une échelle globale (paléoclimatologie) ou plus resserrée. Dans ce dernier cas, les indices Pfister permettent d’attribuer à certains mois un niveau d’intensité de la température et des précipitations qui les distingue de la « normale ». Dès ses origines, la géographie a cherché à caractériser les climats à partir de leurs conséquences sur la faune et la flore locales, démarche à laquelle J. Hann opposera, bien plus tard (XIXe siècle), l’analyse des caractéristiques et causes atmosphériques.
Après 1950, la demande des acteurs agricoles participe aux progrès de la géoclimatologie : la discipline doit soutenir le développement des cultures au-delà de leur aire de croissance spontanée et inventer de nouvelles méthodes. Des séries longues sont alors extraites des « calendriers de probabilité exprimant, pour une date donnée, la fréquence d’apparition d’un événement climatique exceptionnel » défavorable à la production.
Au début du XXIe siècle, la géoclimatologie est concurrencée par la modélisation économique, qui soutient l’émergence du paradigme du « réchauffement climatique ». Après que la perspective d’un marché mondial des émissions, avec un prix unique du carbone, ait fait long feu, les trajectoires de décarbonation des sociétés nationales dominent désormais les programmes publics. Les changements systémiques (en matière d’alimentation, d’agriculture et de forêts) que requiert l’atteinte de la neutralité carbone mettent aussi en lumière la nécessaire articulation entre économie de l’environnement et sociologie de la transition. Dans cette perspective, le chapitre de P. Boudes offre plusieurs réponses : introduction de la rationalité écologique dans les organisations économiques, sociologie des pertes liées au changement climatique.
Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective
Lien : Éditions Quæ
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