Pandémie et sécurité alimentaire : échos de la Caraïbe (13/05/2021)

La Banque centrale des États de la Caraïbe orientale et ses partenaires ont organisé, le 15 avril dernier, un colloque sur la sécurité alimentaire dans cette même région. Après avoir été mésestimés au profit du tourisme, l’ensemble des segments de la chaîne de valeur agroalimentaire constituent désormais une priorité des États de la région, après que la pandémie eut un effet de loupe sur la double vulnérabilité de leurs 25 millions d’habitants.

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Source : Organization of Eastern Caribbean States

Les intervenants ont tout d’abord souligné la dépendance aux importations alimentaires : elles représentent 80 % de la consommation régionale (95 % dans certains pays) et près de 8 % du PIB, en 2020, pour un montant total de 1,4 milliard de dollars des Caraïbes (430 millions d’euros environ). Dans la zone, seuls le Guyana et Trinidad-et-Tobago exportent des produits en direction de leurs voisins.

Les importations alimentaires des États de la Caraïbe

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Source : World Food Programme, Organisation des Nations unies

À cette exposition aux risques globaux, particulièrement mise en évidence par la crise sanitaire de la Covid-19, s’ajoutent, selon l’universitaire L. Phillip (université McGill, Québec), des régimes alimentaires dans lesquels la part d’aliments et de boissons ultra-transformés importés s’est accrue. La Caraïbe et l’Amérique latine détiennent le record mondial de la hausse de la consommation de boissons sucrées entre 2002 et 2016 ( + 30 kg/personne en termes de ventes), avec des conséquences sur l'incidence des maladies chroniques, facteurs de co-morbidité.

Pour réduire de 25 % la valeur globale des importations alimentaires, dans les trois prochaines années, au sein de la Caraïbe, plusieurs recommandations ont été avancées. B. Clarke, de l’Institut caribéen de recherche et de développement agricoles, a défendu l’idée d’une intégration régionale renforcée de la production agricole et agroalimentaire, en partant de l’exemple de la noix de coco : production du coprah au Guyana, transformation à Trinidad-et-Tobago tirant partie du faible prix de l’énergie qui y prévaut, commercialisation à la Jamaïque, principal débouché. La production et la transformation des avocats, fruits à pain, mangues, grenades et poivrons rouges ont été notamment mentionnées. Par ailleurs, selon K. Caroo, de l’ONG Helen’s Daughters, les femmes sont des acteurs de premier plan en matière de consommation et de préparation alimentaires, et elles devraient à ce titre être au cœur des dispositifs en faveur de régimes sains. Enfin, le développement d’une agriculture prenant pleinement en compte les enjeux nutritionnels (« agriculture nutritionnellement adaptée ») a été préconisé par les intervenantes de la Banque mondiale.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Source : Banque centrale des États de la Caraïbe orientale

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