Dynamiques et perspectives du commerce africain (11/02/2021)
En collaboration avec la Commission économique pour l'Afrique des Nations unies, la Banque africaine d'import-export a publié un rapport sur la situation du commerce en Afrique en 2020. Dans la perspective de la mise en place d'une zone de libre-échange à l'échelle du continent, les auteurs apportent un éclairage sur les dynamiques actuelles et les potentiels de développement du commerce intra- et extra-continental.
L'un des points forts du document est de mettre en évidence l'importance du commerce informel transfrontalier dans la création d'emplois, la croissance économique, la consommation des ménages et le développement des chaînes de valeur régionales. Le défaut de prise en compte de ces flux étant généralement lié au manque de données, le rapport présente une méthode possible de collecte, testée le long du corridor Abidjan-Lagos en 2019, et pouvant être répliquée dans d'autres régions.
En marge des éléments recueillis lors de cette expérimentation, le rapport s'appuie sur d'autres sources variées. Un trait commun à l'ensemble des régions est le poids des échanges informels dans la distribution alimentaire, y compris pour l'approvisionnement en biens essentiels dans les pays affectés par des conflits. Les produits agricoles et alimentaires sont généralement de faible valeur et transportés en petites quantités : cela diminue l'incitation des autorités douanières à contrôler et mesurer ces flux, d'autant plus que les agents réalisant les contrôles peuvent appartenir aux communautés frontalières, dont la sécurité alimentaire pourrait être menacée par de tels contrôles.
Le rapport présente également les grandes caractéristiques du commerce extra-continental. Il souligne notamment que depuis 2018, l'Asie est devenue le premier partenaire commercial de l'Afrique, en lieu et place de l’Europe : en 2019, près de 29 % des échanges impliquaient l'Asie, la Chine et l'Inde en représentant 23 % à elles seules.
Le commerce intra-africain, en revanche, a légèrement diminué en 2019, à hauteur de 14,5 % du commerce total. Cette tendance pourrait s’inverser avec la mise en place de la zone de libre-échange, et cette part atteindrait alors plus de 22 %. Les auteurs identifient enfin des pistes de développement du commerce intra-continental, par région et par produit, en fonction de l'offre, de la demande et de la facilité d'échange. Les poissons et crustacés, ainsi que les autres produits alimentaires et les fertilisants, figurent parmi les 10 produits identifiés à fort potentiel (figure ci-dessous).
Produits ayant le plus de potentiel pour le commerce intra-africain (en millions de dollars US)
Source : Banque africaine d'import-export
Marie-Hélène Schwoob, Centre d'études et de prospective
Source : Banque africaine d'import-export
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