Développement des productions agricoles et alimentaires biologiques (15/06/2016)

Sous ce titre, la revue Innovations agronomiques aborde trois questions, également traitées lors d'une conférence. La première est simple : quels sont les déterminants et les dynamiques de la conversion en bio ? Selon A. Dufour, F. Alavoine-Mornas, J. Godet et S. Madelrieux, « les agriculteurs qui se convertissent à l’AB doivent relever de nombreux défis, parmi lesquels la redéfinition du sens de leur métier ». Cette redéfinition se fait autour de trois dimensions importantes : le rapport au vivant, le gain d’autonomie et l’inscription des activités dans le marché. Parmi les déterminants du développement du bio sont évoquées la concentration de la production en agriculture biologique sur certains territoires ou encore l’inscription du bio dans les enjeux de gestion de l’eau.

Deuxième question : quels sont les enjeux de structuration pour ces filières ? Une étude sur la gestion des éléments minéraux fertilisants souligne, par exemple, que « les exploitations biologiques ont recours indirectement à la fertilité héritée des engrais de synthèse », ce qui pose question au regard du « principe d’écologie » (interdiction du recours aux intrants chimiques). Sont également évoqués des enjeux de régulation : regroupement de l’offre, maîtrise des prix, exigences du label, etc.

Enfin, une troisième série d’articles porte sur la diffusion du bio : quel peut être son rôle dans l’animation des territoires, qu’est-ce qui circule entre agriculteurs bio et conventionnels dans les groupes d’éleveurs, ou entre agriculteurs expérimentés et novices dans les dispositifs d’installation ? Le dossier est encadré par deux synthèses : l’introduction de G. Allaire propose notamment une périodisation du développement de l’AB, tandis que la conclusion de S. Bellon la met en regard avec l’institutionnalisation de l’agro-écologie.

Par ailleurs, un article sur la gouvernance du « bio », publié par la revue Agriculture & Human Values, revient sur la mise en place à l’échelle mondiale d’un « régime tripartite de gouvernance par les standards », articulant définition des qualités, certification et accréditation. De façon convergente avec le dossier d’Innovations agronomiques, le développement de l’agriculture bio apparaît donc à la fois comme une réussite et comme un facteur de déstabilisation de ses acteurs historiques, liée à la « conventionnalisation » de ce mode de production.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Sources : Inra, Agriculture and Human Values

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