Séminaire « Des animaux de compagnie aux espèces compagnes » : un nouveau front de recherche en sciences sociales (14/01/2015)

Les relations homme-animal font l’objet d’une attention croissante, comme en témoigne la multiplication des colloques et publications consacrés à ce sujet. Deux questions concentrent l’essentiel du débat : la préservation de la biodiversité sauvage et la cohabitation avec les grands prédateurs (loups, ours), d’une part, le bien-être et la mise à mort des animaux d’élevage, d’autre part. Les relations avec les animaux dits « de compagnie » restent, elles, assez peu analysées, alors qu’elles nourrissent un secteur économique important et ont un effet structurant sur le rapport à d’autres catégories d’animaux.

Contribuant à combler cette lacune, un séminaire de recherche pluri-disciplinaire, inauguré le 12 janvier, soutenu par l’Observatoire CNIEL des Habitudes Alimentaires (OCHA) et la Fondation Adrienne & Pierre Sommer, traitera au cours du premier semestre 2015 de la thématique « Des animaux de compagnie aux espèces compagnes ». Au fil de ses six séances, il proposera une discussion des approches récentes, en faisant dialoguer sociologie et biologie, pour « proposer de nouvelles distinctions théoriques et de nouveaux outils conceptuels permettant de saisir le sens et l’importance de la socialité entre humains et animaux ».

Les sciences sociales se sont en effet renouvelées, depuis les années 1980, en posant la question du rôle des objets dans la coordination de l’action. Les grands partages entre « nature » et « société », entres « états de chose » et « états de personne », ont été remis en question par la formalisation des phénomènes de « réseau » et l’analyse systématique des différents « régimes » d’action. Dans les travaux de Bruno Latour et Michel Callon en sociologie des sciences, et dans ceux de Luc Boltanski et Laurent Thévenot du côté de l’économie des conventions, les animaux avaient une place certaine (comme support d’expérimentation ou comme produit « qualifié »), mais discrète. S’intéresser aux animaux de compagnie permet aujourd’hui de prolonger ce programme de recherche et de l'ouvrir à de nouvelles problématiques. Le séminaire s’intéressera ainsi, entre autres, aux origines de la catégorie « animal de compagnie », aux soins par le contact animalier, aux soins vétérinaires en cabinet et aux frontières entre animal de travail et animal de compagnie.

Signalons enfin, sur le même sujet, a) une recherche comparative concernant la mise à mort des animaux et b) l’organisation par AgroParisTech d’un cycle de conférences sur les relations homme-animal.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Source : Fondation Adrienne & Pierre Sommer

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