Scénarios pour l'agriculture méditerranéenne à horizon 2030 (07/04/2013)

Le Centre d'étude des politiques européennes (CEPS) vient de mettre en ligne une réflexion prospective sur l'agriculture méditerranéenne à l'horizon 2030. Elle prend en compte, dans la limite des données disponibles, 11 pays du pourtour méditerranéen (SMEC's) : Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie et Turquie.

La première partie présente les tendances du secteur agricole depuis 1994, en dissociant la production, la consommation et le commerce, puis les politiques agricoles et de protection commerciale, et enfin les dynamiques de productivité agricole et d'emploi.

Un panorama très général du secteur agricole est ainsi brossé, les auteurs rappelant l'objectif d'autosuffisance alimentaire affiché à partir des années 1980, et qui a guidé l'orientation des politiques des SMEC's, aboutissant à des résultats hétérogènes selon les pays. Les évolutions de la balance commerciale agricole, également contrastées selon les pays, sont instables du fait des grandes variations inter-annuelles de production de céréales (influence climatique). Les SMEC's représentaient 6,8% du total des importations européennes de produits agricoles en 2009 et 13% du total des exportations agricoles européennes en 2008.

 L'étude résume ensuite les stratégies agricoles et de protection commerciale à long terme, ainsi que les négociations commerciales achevées ou en cours avec l'UE. De manière générale, les objectifs des politiques agricoles des SMEC's sont la modernisation des unités de production, tout en préservant les petits producteurs et en lutant contre la pauvreté rurale. Différents soutiens sont accordés aux producteurs selon les pays. La plupart d'entre eux ont également des politiques de subvention à la consommation de certains produits de base. De plus, la mise en place de quotas et de tarifs douaniers, souvent élevés, vise à protéger les productions locales de la concurrence des importations.

 La productivité du secteur agricole, évaluée par la valeur ajoutée par actif agricole (à prix constants), augmente dans tous les SMEC's sur la période 1990-2008, mais cache d'importantes disparités entre les pays. Cette augmentation est principalement liée aux innovations techniques (équipements) et à l'extension des superficies irriguées. Cette évolution est permise par la croissance de la taille des unités de production et par leur plus grande capitalisation. Elle exclut donc les plus petites unités, induisant ainsi une augmentation de la pauvreté et de l'exode rural, avec de nombreuses conséquences sur les villes.

 Quatre scénarios prospectifs sont ensuite présentés : 1) continuation du cadre de coopération actuel entre les SMEC's et l'UE (BAU pour business as usual) ; 2) forte intégration UE-SMEC's ; 3) faible coopération entre l'UE et les SMEC's « régionalisés » ; 4) baisse générale de la coopération et des échanges. Les conséquences de ces scénarios sur la production, les importations, la consommation et les exportations des SMEC's sont soulignées. L'hypothèse sous-jacente et forte est que la coopération et le commerce extérieur accélèrent les changements structurels du secteur agricole avec un impact positif sur la productivité. (Cliquer pour agrandir)ceps.jpg

 Pour les différents scénarios, des tableaux précisent les projections par grands secteurs : productions animales, fruits et légumes, sucre et huiles, céréales et produits de la mer..

 Le quatrième scénario, de repli national, est le moins favorable à la création de revenu. La productivité augmente dans les 4 scénarios mais dans une plus grande proportion pour les scénarios 2 et 3 par rapport aux scénarios 1 et a fortiori 4. Le scénario 2 induit une augmentation de la production et des importations ainsi qu'une augmentation plus marquée encore de la consommation et des exportations. Les résultats du scénario 3 sont proches de ceux du 2.

 Compte tenu des hypothèses concernant les chocs de productivité engendrés par les politiques d'ouverture commerciale, il n'est pas surprenant que l'étude conclut qu'une politique de repli national conduit à une moindre augmentation de la productivité agricole, à un exode rural moins marqué mais lié à une moindre diminution de la pauvreté dans les zones rurales. À l'inverse, la libéralisation du commerce permet, selon cette étude, d'augmenter la production et les revenus. Enfin, dans la mesure où l'UE est le principal partenaire des SMEC's dans ce domaine, la future politique commerciale agricole de l'UE conditionnera l'évolution du secteur agricole de ces pays.

 Claire Deram, Centre d'études et de prospective

 Source : CEPS



 

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