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17/03/2022

La « théorie des ressources » pour analyser les stratégies de diversification des coopératives

De nombreuses coopératives agricoles françaises se sont développées en diversifiant leurs activités, dans des domaines parfois éloignés de leurs métiers d'origine. Dans un article récent publié dans la revue RECMA, des chercheurs analysent les stratégies mises en œuvre en faisant appel à la « théorie des ressources ».

Initialement développée pour étudier les avantages concurrentiels des firmes, elle postule que les stratégies des entreprises pour asseoir leur position dépendent surtout des compétences qu'elles peuvent mobiliser pour leur développement. Deux axes sont identifiés : la valorisation externe et le partage interne des ressources. Les excédents en ressources (financières, matérielles ou humaines) peuvent ainsi être investis dans de nouvelles activités. Dans d'autres situations, c'est la coexistence de différents métiers au sein de l'entreprise qui permet une allocation optimale des ressources, grâce aux synergies trouvées.

Les auteurs définissent ainsi quatre configurations de diversification des coopératives agricoles (figure ci-dessous), en croisant ces deux axes stratégiques de développement. Chaque idéal-type est ensuite illustré par un exemple, tiré d'études sur les coopératives menées dans le cadre d'un projet de recherche, de 2012 à 2019.

Configurations de diversification des coopératives agricoles

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Source : RECMA

Le « conglomérat coopératif », tel le groupe international sucrier Tereos, s'appuie sur une réallocation des capitaux dégagés par certaines activités pour renforcer et développer les autres. La coopérative « mère » pilote et arbitre entre ses filiales pour renforcer son avantage concurrentiel. La « coopérative fédérée », à l'inverse, développe des alliances avec d'autres structures coopératives pour mutualiser les investissements, stratégie mise en œuvre notamment par InVivo. Sodiaal, pour sa part, est un exemple de « coopérative industrielle », cherchant à faire des économies d'échelle et à peser sur le marché par agrégation de structures. Dans ce cas, les synergies internes passent par une stratégie de marques. Enfin, la « coopérative plate-forme », représentée par Limagrain, se développe par transfert des savoirs-faire acquis dans le métier d'origine vers des activités de plus en plus éloignées.

En conclusion, les auteurs reviennent sur la nécessité pour les dirigeants élus des coopératives de maîtriser intellectuellement les ressorts des stratégies de diversification, afin de réduire les risques de destruction de valeur pour les agriculteurs.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : RECMA

Les agri-youtubeurs et la communication sur les pratiques agricoles

Un article publié en février 2022 dans Réseaux livre les premiers résultats d’une enquête sur les agri-youtubeurs. L. Rénier (Inrae) et ses co-auteurs y reprennent les éléments réunis dans le cadre d’une thèse de sociologie : étude d’un corpus de 17 chaînes vidéo (1 000 abonnés minimum, 33 800 en moyenne), analyse des films, entretiens avec les agri-youtubeurs et observation de rencontres avec leurs abonnés dans le cadre de salons professionnels.

Ces agriculteurs-vidéastes privilégient une « communication positive » pour répondre à ce qu'ils perçoivent comme de l'agri-bashing. Pour « reprendre en main » l'image de leur groupe professionnel auprès du grand public, ils publient régulièrement, sur leurs chaînes YouTube, des séquences présentant l’activité quotidienne de leur exploitation. Parlant face caméra, ils se montrent « en train de travailler » et commentent l’action en direct.

Entre 2013 et 2017, une communauté a émergé autour de leurs comptes. Depuis, elle croît régulièrement. Les agri-youtubeurs du « noyau historique », notamment Thierry Baillet, David Forge, Gilles VK, Gaël Blard ou Alex agriculture Vienne, parrainent les nouveaux venus dans le cadre de featurings, c'est-à-dire des participations à des vidéos valorisant des liens d’amitié et d’estime mutuelle. Un public partagé se construit alors : abonnements, interventions dans le fil de discussion sous les vidéos, dédicaces, etc. Une analyse de réseau, menée sur le modèle des études sur le rap, met en évidence la densification des interactions entre chaînes (figure ci-dessous). Les échanges, conseils, partages d’expérience, etc., contribuent aussi à produire des normes relatives aux « bonnes façons de construire les vidéos », et à une identité collective.

Réseau des featurings par année au sein de la communauté des agri-youtubeurs

agri youtubeurs.jpg

Source : Réseaux

Lecture : les points correspondent à des chaînes YouTube, leur taille est fonction du nombre d'abonnés, leur couleur dépend du type de production qu'elles présentent (grandes cultures en noir, polyculture-élevage en gris clair, viticulture en gris foncé). Les flèches identifient les participations croisées entre chaînes.

La publication régulière de vidéos décrivant le quotidien des pratiques agricoles maintient un lien fort entre les agri-youtubeurs et leur public. L’article analyse avec finesse le contenu des séquences diffusées et les mécanismes qui produisent leur valeur d’authenticité, appréciée par les abonnés. Trois dimensions de cette authenticité sont mentionnées. La première est spatiale : tours de plaine et travaux dans les différentes parties de l'exploitation (bâtiments, parcelles), focus sur la préparation des machines et leur réparation, etc. La deuxième est temporelle, avec une mise en récit des activités sous forme de « chronique », au fil des saisons ou ponctuellement, par exemple avec l'organisation de lives permettant d’interagir avec le public. La troisième est affective, avec l’apparition dans les vidéos d'êtres proches (enfants, parents, voisins) ou d'animaux domestiques.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Réseaux

10/02/2022

Critiques du « mythe » de l'agriculture numérique

Le site Reporterre a mis en ligne, fin janvier 2022, une série de quatre articles à l'occasion d'une enquête intitulée « L'agriculture numérique ou la fin des paysans ». Cette enquête vise à réfuter l'idée du numérique comme solution souhaitable protégeant les ressources naturelles, s'adaptant au changement climatique et assurant de meilleurs revenus aux agriculteurs. L'argumentation s’appuie sur des entretiens avec des acteurs de ces innovations technologiques, des résultats de publications scientifiques et des témoignages d'agriculteurs.

La filière de la robotique illustre, selon la journaliste, le décalage entre la promesse technologique (figure ci-dessous) et la réalité agricole. En effet, en dépit des avantages avancés par leurs promoteurs des robots (automatisation de certaines tâches, réponse au manque de disponibilité de la main-d’œuvre, etc.), peu d'agriculteurs en sont encore aujourd'hui équipés. Plusieurs feins à leur adoption sont avancés. En premier lieu, ces solutions nécessitent un important investissement (achat, maintenance, services associés), sans assurance d'amortissement financier pour l'agriculteur. Ces machines susciteraient également une certaine défiance, relative à leur complexité technique, à leurs fiabilité et durabilité en conditions réelles d'utilisation, etc. L'usage, par des tiers, des données qu'elles enregistrent, est un autre motif d'inquiétude.

Présentation d'un robot enjambeur viticole par une société française au Forum international de la robotique agricole (Fira)

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Source : © Alain Pitton/Reporterre

Pour autant, les start-ups françaises proposant des solutions technologiques innovantes sont en constante expansion : leur nombre augmente et les levées de fonds atteignent chaque année des niveaux records. Les investisseurs y voient un vaste marché émergent, potentiellement rentable dans un futur proche. Les acteurs privés hors du monde agricole ont, quant à eux, l'opportunité de pénétrer un nouveau secteur en y adaptant des technologies existantes.

Enfin, la journaliste alerte sur les conséquences de ces solutions sur les modèles agricoles. Les robots et technologies numériques sont adaptés aux espaces standardisés, et ils peuvent donc conduire à une moindre diversité des écosystèmes agricoles. De plus, ces équipements hautement technologiques impliquent d'importants investissements concourant à amplifier la logique d'agrandissement des exploitations, et risquant de rendre encore plus difficile leur reprise par de jeunes agriculteurs.

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Source : Reporterre

Le Comité des forêts et de l'industrie forestière

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Après la Seconde Guerre mondiale, en 1947, les Nations unies ont créé la Commission économique pour l'Europe (CEE-ONU) afin de coordonner l'effort de reconstruction du continent. Les forêts avaient été ravagées et surexploitées, lors des deux conflits mondiaux, et les pays risquaient une pénurie de bois. La conférence internationale organisée sur ce sujet par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et par le gouvernement tchécoslovaque d'alors, a débouché sur la création de deux organismes, ayant chacun leur domaine d'intervention. Le Comité des bois de la CEE-ONU (devenu depuis le Comité des forêts et de l'industrie forestière, COFFI) s'est centré sur la demande de bois, alors que la Commission européenne des forêts (CEF) de la FAO était focalisée sur la gestion durable des forêts et la production de bois. Dès l'origine, ces deux organismes ont travaillé de concert, mettant en place une gouvernance conjointe.

Structure de la gouvernance de la CEF et du COFFI

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Source : CEE-ONU

Les deux institutions ont rapidement acquis un rôle central dans la connaissance du marché des bois. Elles rassemblent aujourd'hui les éléments statistiques fournis par les pays, mènent des enquêtes dédiées (bois énergie par exemple) et s'appuient sur des experts nationaux. Elles couvrent près de la moitié des forêts mondiales et une partie essentielle de la consommation de bois. Leur travail donne lieu à la publication périodique de statistiques (notamment les rapports sur l'état des forêts européennes) et, récemment, au lancement d'un portail statistique.

Dès 1953, elles ont conduit conjointement la première analyse prospective du secteur, pour dégager les tendances de long terme et élaborer des recommandations en matière de politique forestière et industrielle. Cet exercice est depuis régulièrement renouvelé, le dernier ayant été publié récemment (voir à ce sujet un précédent billet). Bénéficiant de son positionnement au sein de la CEE-ONU, le COFFI a plus particulièrement développé une expertise en matière de bioéconomie et de marché des produits forestiers (bois énergie en particulier). Enfin, il a également noué des liens étroits avec l'Organisation internationale du travail, sur divers sujets : emploi dans la filière, amélioration des conditions de travail, formation. Plusieurs publications récentes les ont abordés, parmi lesquelles des lignes directrices pour la promotion des emplois verts en foresterie ou la main-d’œuvre en forêt dans la région CEE-ONU.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : CEE-ONU

08/02/2022

Investir dans le capital humain en agriculture

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'International Food Policy Research Institute (IFPRI) ont récemment publié les résultats de leurs travaux menés sur le capital humain en agriculture. L'investissement dans les compétences s'est élevé, en moyenne, entre 2015 et 2018, à seulement 3 % du total investi dans l'aide au développement agricole au niveau mondial (figure ci-dessous).

Fonds internationaux alloués au soutien en matière de développement, par secteur économique et thématique, pour la période 2015-2018

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Source : FAO

L'analyse s'est appuyée sur 20 études de dispositifs formels et informels visant à développer les compétences des agriculteurs, dont 9 ont fait l'objet d'une étude approfondie comportant une évaluation d'impacts. Ces études sont réparties dans le monde entier : Cameroun, Chili, Côte d'Ivoire, États-Unis, Inde, Indonésie, Kenya, Pérou, Rwanda. Les auteurs en dégagent six ensembles de recommandations, parmi lesquelles l'adaptation des modalités de formation au profil des agriculteurs, en mobilisant les outils numériques de manière adaptée aux compétences des apprenants. Il s'agit également d'accroître les budgets alloués à la formation et au conseil, de mettre en place des incitations à la formation et, surtout, de développer la recherche sur le capital humain en agriculture.

Source : FAO

La transformation de viandes : un secteur dynamique au Québec

Dans son premier numéro Bioclips de l’année 2022, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) présente une brève analyse économique de la fabrication des produits de viande. Première du secteur agroalimentaire pour la valeur des ventes, les exportations ou le nombre d’emplois, cette activité est dominée par deux grands transformateurs. En 2020, les ventes ont généré 7,3 milliards de dollars (figure ci-dessous). D'après une estimation, 36 % de la valeur de la production ont permis l'achat d’intrants importés, tandis que les 64 % restant constituent la valeur ajoutée. 54 % de celle-ci servent à la rémunération des travailleurs. Par ailleurs, le nombre d’emplois a progressé de 9 % entre 2012 et 2020, alors que la valeur des ventes augmentait de 56 %, sous l’effet d’une forte hausse des prix (+ 37 %) et des exportations (+ 46 %). Celles-ci sont destinées principalement à la Chine (37 %) et aux États-Unis (36 %).

Ventes manufacturières du secteur de la transformation de la viande au Québec de 2012 à 2020, en milliards de dollars

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Source : MAPAQ, à partir des données de Statistique Canada

Source : ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec

11:52 Publié dans IAA, Production et marchés, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : viande, transformation, emploi, marché |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/01/2022

On-Farm Experimentation : nouvelle approche du processus d'innovation en agriculture

Les défis alimentaires, écologiques et économiques impliquent des transformations en profondeur de l'agriculture, à l'échelle mondiale, qui pourraient être accompagnées par de nouveaux processus d'innovation. Une équipe internationale de recherche, impliquant INRAE et l’institut #DigitAg pour la France, publie dans la revue Nature Food (décembre 2021) une analyse décrivant une nouvelle génération d'expérimentations à la ferme pratiquée dans différents pays : l'On-Farm Experimentation (OFE).

L'OFE est une approche collaborative de la recherche expérimentale. Elle implique agriculteurs, chercheurs, acteurs du secteur agroalimentaire à chaque étape d'un processus itératif d'innovation, testée en conditions réelles de gestion d'une exploitation. Les participants échangent aux différentes étapes de l'expérimentation puis réitèrent le processus en vue de l'améliorer, en intégrant les enseignements tirés des résultats et de leurs observations. L'OFE se distingue des approches traditionnelles de la recherche participative ou expérimentale en s'appuyant sur les principes de l'innovation ouverte : mutualisation des connaissances des participants, mise en conditions réelles, implication des parties prenantes, etc. Ce processus est centré sur l'agriculteur : co-définition du besoin, expérimentations réalisées sur l'exploitation et inscrites dans les itinéraires techniques, etc. Les technologies numériques facilitent la mise en œuvre et le développement des OFE : mise en œuvre d'essais, acquisition de données, analyse et mutualisation des résultats, partage des expériences.

Nombre d'OFE sont conduites à travers le monde, initiées par des agriculteurs, des organisations civiles, des entreprises ou des scientifiques. Les auteurs estiment que plus de 30 000 exploitations sont concernées à travers une trentaine de pays : réseau sur la nutrition en lien avec les cultures à grande échelle développé depuis l'an 2000 en Argentine, réseau des fermes DEPHY (2008) en France, etc.

Exemples d'initiatives OFE conduites à travers le monde

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Source : Nature Food

Lecture : parmi les 11 initiatives représentées ci-dessus, le dispositif DEPHY FERME a été mis en place en France en 2008. Les 3 000 agriculteurs de ce réseau, couvrant les grandes filières de production, testent des pratiques et techniques alternatives visant à réduire l'usage des produits phytosanitaires, en vue de les diffuser ensuite plus largement au monde agricole.

Les auteurs aspirent, par cette publication, à faire naître une communauté de l'OFE organisée autour de principes communs, partageant méthodes et résultats tout en coordonnant les directions de recherche prioritaires. Ils sollicitent également une accentuation du soutien des politiques publiques afin d'accélérer et amplifier les transformations en agriculture dont ces initiatives sont porteuses.

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Source : Nature Food

11/01/2022

Presse agricole et actualité professionnelle

Les politistes I. Chupin et P. Mayance livrent, dans la revue Questions de communication (décembre 2021), une synthèse de leurs travaux sur la presse agricole. Depuis 2009, ils ont interviewé des journalistes, communicants et représentants syndicaux, et ont analysé l'évolution des thèmes traités par le magazine La France agricole (« unes » et « dossiers » des années 2010, 2015 et 2020). Malgré la diminution du lectorat, la presse agricole compte toujours plus de 130 titres et demeure rentable, grâce aux abonnements et à des ressources publicitaires « nombreuses et variées ». La ligne éditoriale est tournée vers les questions techniques et met à distance les sujets de société. Ce « journalisme de compte rendu », dépendant des organisations professionnelles pour l’accès à ses sources, fournit aussi une aide à la décision en mettant en valeur des réussites exemplaires, notamment sous forme de portraits d’agriculteurs innovants. Selon les auteurs, cette presse demeure « un lieu central de définition et de reproduction » des identités professionnelles, « en participant à créer une distinction » entre le monde extérieur (« eux ») et le monde agricole (« nous »).

Source : Questions de communication

08:36 Publié dans Agriculteurs, Organisations agricoles, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : presse, identité professionnelle |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/01/2022

Josiane Gonthier, Les paysannes. Portraits littéraires, éditions Turquoise, collection Le temps des femmes, novembre 2021, 160 pages

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Dans cet ouvrage, Josiane Gonthier rassemble et commente 38 textes tirés de la littérature française et étrangère, de l’Antiquité à nos jours, consacrés aux paysannes, à leur vie quotidienne et leur place dans la société. Des photographies et des chiffres sur les paysannes et agricultrices, en France et dans le monde, complètent les extraits. Ces narrations, miroirs déformants d'une réalité temporelle, offrent au lecteur une perspective singulière sur les images de la « paysanne » dans la société rurale : une balade éclectique, poétique et parfois cruelle dans les champs et les foyers, à la rencontre de la déesse Cérès de Virgile, « des mâles et des femelles, répandus par les campagnes » de Jean de La Bruyère ou d'incarnations de fermières japonaises émancipées (Aki Shimazaki). Selon l'initiatrice de ce voyage littéraire, « c’est finalement très récemment, avec les influences combinées de mouvements extérieurs à l’agriculture – le féminisme entre autres – et les enjeux écologiques, alimentaires, climatiques et sociaux redéfinis auxquels doit répondre l’agriculture, que les projecteurs se sont braqués sur le paysan/la paysanne qui deviennent alors des personnages et de véritables héroïnes ».

Source : Éditions Turquoise

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Les nouvelles technologies pourraient contribuer à améliorer les conditions de travail en agriculture

Dans une synthèse récente, l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) fait le point sur l'apport et les risques potentiels des nouvelles technologies en agriculture. L'automatisation et la robotisation contribueraient à la réduction des accidents et des troubles musculo-squelettiques. L'adoption de systèmes intégrés de gestion des exploitations faciliterait l'organisation du travail et permettrait des gains de productivité (et de revenus), ainsi qu'un meilleur équilibre entre vie professionnelle et familiale. Enfin, différents dispositifs pourraient réduire l'exposition aux substances dangereuses et les risques liés aux engins, ou encore optimiser la surveillance sanitaire des cheptels. Mais ces technologies sont aussi susceptibles d'accroître les risques psychosociaux liés à la monotonie, au stress et à l'isolement, sans négliger le potentiel de piratage des systèmes.

L'agence recommande le développement d'une culture de la prévention dans le secteur, y compris dans la conception des systèmes et des machines. Elle alerte sur la nécessité d'élever le niveau de formation des agriculteurs et des salariés pour assurer leur adaptation à ces nouveaux outils.

Source : EU-OSHA

Les CFPPA, un service public confronté à la mise en marché de la formation

Un article récemment publié dans la revue Sociologie du travail revient sur la contribution essentielle des Centres de formation pour la promotion agricole (CFPPA) à la formation des adultes en agriculture. Composantes d'établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles (EPLEFPA), ces centres occupent une place singulière dans le système de formation continue. Créés en 1968, sur la base d'un modèle original de conventionnement avec l'État, ils ont été chargés, à partir des années 1970, d'assurer le niveau minimum de formation des candidats à l'installation. Leur champ d'activité s'est progressivement élargi de la préparation au brevet professionnel agricole à la reconversion professionnelle de chômeurs dans les secteurs de l'agriculture, de l'agroalimentaire, du paysage et des espaces verts. Par ailleurs, bénéficiant d'un monopole pour délivrer certains diplômes, et d'une organisation souple (du point de vue managérial et des ressources humaines), les centres ont été en mesure de s'adapter à la libéralisation du marché de la formation continue, mise en œuvre à partir de 2004 : individualisation des prestations, mise en concurrence entre prestataires publics et privés et, depuis 2014, instauration de critères de qualité.

Source : Sociologie du travail

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15/12/2021

Lien entre PAC et emploi en Hongrie et Slovénie : difficile de tirer des enseignements généraux

Récemment publié dans Land Use Policy, un article analyse l'impact comparé des différentes aides de la PAC sur le travail salarié et non salarié dans les exploitations agricoles hongroises et slovènes. Ces travaux sont basés sur les données du Farm accountancy data network (en France, Réseau d'information comptable agricole - Rica). Les auteurs ont utilisé les données disponibles sur la période 2007-2015. Outre des informations sur les structures (taille économique, orientation technico-économique), cette source fournit des éléments sur le temps de travail, avec une répartition entre la main-d’œuvre salariée et familiale. Elle donne aussi le détail des aides perçues par l'exploitation, selon leur nature. Les auteurs ont ainsi pu différencier les aides du 1er pilier de celles du 2nd pilier, notamment : les paiements agri-environnementaux, les aides aux zones défavorisées et les subventions aux investissements.

Les informations sur les exploitations ont été croisées avec des données macro-économiques à l'échelle des petites régions agricoles (NUTS 3), pour retracer les liens entre le marché du travail agricole et celui des autres secteurs, comme le différentiel de revenu ou le taux de chômage.

Si la Hongrie et la Slovénie sont récemment entrées dans l'Union européenne, leurs exploitations ont des profils différents. Les exploitations hongroises sont généralement de grande taille et elles emploient une forte proportion de salariés. À l'inverse, les exploitations familiales, de taille plus modeste, sont majoritaires en Slovénie. Sur la période 2007-2015, la baisse de l'emploi agricole y a été importante et elle s'est accompagnée d'une diminution des soutiens de la PAC (figure ci-dessous, gauche). En Hongrie, le recul des aides est plus récent et plus faible, et l'emploi presque stable (figure ci-dessous, droite).

Évolution comparée de l'emploi en agriculture (unité de travail annuel - UTA), selon le type de main-d’œuvre, et du montant des soutiens de la PAC (par exploitation et par an), en Slovénie (gauche) et en Hongrie (droite)

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Source : Land Use Policy

Lecture : sur l'échelle de gauche (histogrammes), main-d’œuvre en UTA par exploitation, familiale (bleu) et salariée (orange) ; sur l'échelle de droite (courbes), montants des aides de la PAC perçus par exploitation, en euros.

L'analyse économétrique menée n'a pas permis de dégager une conclusion générale sur l'impact des aides de la PAC sur l'emploi agricole (tableau ci-dessous). Les aides du 1er pilier renforcent l'emploi total en Hongrie, mais seulement l'emploi familial en Slovénie, alors que celles du 2nd pilier n'ont un impact que sur les exploitations familiales slovènes. Les auteurs concluent sur la nécessité de prendre en compte la diversité des structures d'exploitation, le type de main-d’œuvre et les interactions avec le marché du travail, pour mieux élaborer des politiques visant à maintenir l'emploi ou à en créer.

Synthèse des résultats sur les liens entre types d'aides et formes d'emploi agricole en Hongrie et Slovénie

hongrie slovenie 2.jpg

Source : Land Use Policy

Lecture : effet positif significatif à moins de 1 % ; ns : non significatif ; s5 % ou -s5 % : effet significatif à 5 %, positif ou négatif respectivement ; s10 % ou -s10 % : effet significatif à 10 %, positif ou négatif respectivement.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Land Use Policy

14/12/2021

Les facteurs influençant les cessations d'activité précoces des exploitants agricoles

Le numéro de décembre 2021 de l'European Review of Agricultural Economics présente une analyse économétrique des cessations précoces d'activité des exploitants français, et de leurs déterminants structurels et économiques, complémentaire des travaux sociologiques sur le sujet. À partir des données de la Mutualité sociale agricole, les chercheurs ont étudié la probabilité de cessation avant 50 ans, en fonction de la situation des exploitations mais aussi de celle des structures voisines. Ils trouvent notamment que le revenu des agriculteurs a un effet négatif sur la décision de sortie précoce, mais contrasté : il a plus d'impact sur les individus plus jeunes et dotés de petites surfaces. La pluriactivité, quant à elle, favorise les départs. Enfin, le voisinage a d'importants effets d'agglomération et d’entraînement : la densité locale d'exploitations et leur résultat moyen diminuent le risque de cessation, mais les exploitants en-dessous de la moyenne du voisinage sont plus sensibles à leur position relative que les autres.

Source : European Review of Agricultural Economics

13/12/2021

Le challenge ROSE : innovation et évaluation de robots agricoles

La Revue Ouverte d’Intelligence Artificielle (ROIA) a publié, en novembre, un numéro spécial dédié à l'utilisation des techniques d’intelligence artificielle en agriculture. L'un des articles est consacré au challenge ROSE, première compétition mondiale de robotique et d’intelligence artificielle visant à évaluer les performances de robots de désherbage intra-rang sur des parcelles cultivées. L'évaluation de la solution robotique, dans sa globalité, et des différentes briques technologiques, est réalisée sur l'ensemble de la chaîne d’intervention : détection des cultures et/ou adventices, interprétation, décision, action de désherbage. Quatre équipes associant divers acteurs (centres de recherche, instituts techniques, équipementiers, start-ups, etc.) participent à cette compétition. Celle-ci est l'occasion de définir des outils et méthodes de référence d'évaluation en conditions réelles et reproductibles. Ils seront rendus publics et pourront servir de protocole de référence aux futurs projets de recherche et industriels dédiés.

Source : Revue Ouverte d’Intelligence Artificielle

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16/11/2021

L'impact des vagues de chaleur sur la productivité sectorielle du travail en Europe

Des chercheurs ont modélisé les impacts passés et futurs des vagues de chaleur sur la productivité du travail en Europe, en utilisant des fonctions d'exposition à la température. Leurs résultats ont été publiés en octobre 2021 dans Nature Communications.

Pour des épisodes de chaleur significatifs (température excédant le 90e percentile pendant au moins trois jours consécutifs), en 2003, 2010, 2015 et 2018, les estimations montrent des pertes de PIB comprises entre 0,3 et 0,5 %. Les impacts sont supérieurs à 1 %, voire dépassent 2 % dans les régions les plus vulnérables, situées au sud, avec des températures plus élevées et une proportion d'activités économiques en plein air plus importante. Les pertes de PIB dans le secteur agricole avoisinent par exemple 0,5 %, de manière répétée, dans les régions d'Alentejo (Portugal), d'Estrémadure (Espagne) et de Voreia (Grèce).

Les chercheurs montrent que si les secteurs les plus affectés sont ceux dont les activités se déroulent en plein air, comme l'agriculture, les effets se propagent au reste de l'économie via les biens intermédiaires. Ainsi, les secteurs ayant recours aux productions agricoles, comme l'industrie de la transformation alimentaire ou le tourisme, ont été largement impactés par les effets indirects de ces vagues de chaleur (figure ci-dessous). Si le commerce permet d'atténuer les pertes économiques par la substitution des produits, il ne semble pas suffisant pour contrebalancer l'effet de propagation par les biens intermédiaires.

Impacts économiques des vagues de chaleur de 2003, 2010, 2015 et 2018 sur les différents secteurs, au sein des régions européennes les plus affectées

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Source : Nature Communications

Les projections futures, réalisées grâce à des modélisations se basant sur les estimations du scénario RCP 8.5 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), montrent que les impacts en 2060 pourraient être multipliés par près de 5 à l'échelle de l'Europe, si aucune action d'atténuation ou d'adaptation n'est conduite. Les effets pourraient être encore plus importants dans certains pays particulièrement touchés comme Chypre, le Portugal, l'Espagne et la Croatie. Les auteurs conviennent cependant de la difficulté à mettre en place des actions d'adaptation dans les secteurs dont les activités se déroulent en plein air, comme l'agriculture. Dans ce cas, les effets sur la productivité du travail, étudiés ici, s'ajouteront à ceux de l'évolution des conditions climatiques sur la productivité agricole.

Marie-Hélène Schwoob, Centre d'études et de prospective

Source : Nature Communications

 

 

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